Hello, ça fait un bail que je n'ai posté car je ne roule plus beaucoup, ce qui ne m'empêche pas de vous lire :-) . Pour ce rallye, on m'a proposé une place de singe en side-car. Comme l'expérience fut intéressante je vous fais ce (grand) compte-rendu en espérant que d'autres solos passeront du côté obscur. Voici donc l'histoire du solo dans la benne
Jeudi soir, 20 heures, apéritif, je reçois un appel téléphonique :
- Allo Dom ? Salut c’est Zébulon
- Salut Zébulon, comment va ?
- Est-ce que tu vas au Rallye des Volcans la semaine prochaine ?
- Non ce n’est pas prévu, lui réponds-je
Différentes raisons personnelles ont fait que je n’ai pas prévu d’aller sur ce rallye. La conversation continue. Zébulon me dit :
- Je t’appelle car je m’inscrirai bien à ce rallye (en side-car, car Zébulon n’est pas qu’un personnage à ressort du manège enchanté que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître) mais je n’ai pas de singe, es-tu intéressé ?
- Non, je ne peux pas cette fois-ci mais l’expérience m’aurait bien tenté.
Après quelques échanges amicaux, nous raccrochons.
Vendredi midi, 12 heures, c’est à mon tour de décrocher le téléphone :
- Allo Zébulon, salut c’est Dom. Dis-moi, par rapport à ton appel d’hier soir, est-ce que tu as trouvé quelqu’un ?
- Non personne encore, à une semaine du départ ce n’est pas évident.
Et hop me voilà engagé comme singe.
Singe : nom masculin
Sens 1 Primate anthropoïde à face nue et aux membres préhensibles. Sens 2 Personne qui imite les gestes et l'attitude des autres.
10 synonymes. Synonymes anthropoïde, guenon, gugusse, imitateur, macaque, magot, primate, quadrumane, sagouin, simien.
Même pas une allusion au rôle tenu par ces drôles de gens dans des paniers accrochés aux côtés des motos, pffff….
Side-car :
En tant que pilote solo (car c’est comme cela que nous appellent les pilotes de side-car), j’ai toujours été intrigué par ces machines bizarres à trois roues. Ca ne penche pas dans les virages, ça reste coincé dans les bouchons et en plus, quand il pleut on est mouillé, c’est moins bien qu’une bagnole quoâââ…
Certes, cette première approche très primaire (ou de primate solo) est tempérée dès qu’on s’approche et qu’on discute un peu avec les énergumènes qui conduisent ces engins et qui, après tout, font partie de la grande famille des motards.
On apprend que c’est un engin qui a ses propres règles de pilotages, que chaque modèle de side-car répond différemment et qu’il s’agit bien d’un binôme pour la conduite sportive.
Et puis c’est vrai que quand on les suit en liaison en rallye et qu’on regarde les feuilles de chrono des spéciales, les temps sont très bons et excellents dès que le revêtement devient incertain pour un « solo ».
Premier roulage mode rallye
Mon expérience en side-car tant comme pilote que comme passager est très réduite: quelques baptêmes, des notions de conduite pour un petit tour sur route et deux tours du circuit carole dans un F2. C’est pourquoi je demande à Zebulon le vendredi après-midi, veille de la course :
- On peut aller faire un petit tour afin que je me rende compte de ce que ça fait d’être à bord d’un side de rallye ?
- Pas de problème, mon Dom, c’est parti.
30 kms de navigation pour le CH1, ça je connais. Ca secoue pas mal, on est au ras du sol et l’impression de vitesse est plus importante. On ne voit rien dans les gauches masqués par la moto et pas grand-chose dans les droits. Bon ben va falloir faire confiance au pilote…
- Bon OK Zebulon, j’ai vu ce que ça donne sur les liaisons mais ça fait comment en mode spéciale ? C’est-à-dire, sans le petit bout de mousse de 10 cm au fond du panier et quand on en sort ?
- On va se trouver quelques virages sympa et une épingle pour que tu vois, me répond-il.
Et c’est parti. Allongé sur la selle passager pour passer les 180 CV au démarrage, ça tracte très fort. Premier gauche sans changer de position, je vois un droite arriver. Je sors à l’extérieur du panier comme à la parade pour faire coucou au photographe (qui n’est pas là d’ailleurs). Le gauche suivant arrive, on entame le virage, il faudrait que je remonte derrière le pilote pour équilibrer. Tiens-donc, j’ai beau tirer sur les bras, la force centrifuge m’empêche de remonter à bord du panier et je fais tout le gauche à l’extérieur de la benne (doux nom donné au panier) comme un gros naze qui n’a rien compris. Zébulon est mort de rire dans son casque. Première leçon, comme en moto, il faut an-ti-ci-per.
- Dis Zébulon, un side ça freine très fort on peut tester pour voir ?
- Allez c’est parti.
Première, seconde, avec un ZZR 1200 en libre ça suffit pour la vitesse, le pilote attrape les freins un peu plus fort qu’avant. Ah ben merde, j’ai failli passer par devant. Deuxième leçon, comme en moto, il faut tendre et verrouiller les bras au freinage. L’heure de l’apéro approche, les reconnaissances des spéciales sont désormais interdites le vendredi après-midi, on décide rentrer par le routier et on verra demain comment se passe la course.
Première étape de jour :
Les intercoms ayant décidé de ne pas fonctionner au moment du départ, on va faire le co-pilotage à l’ancienne : deux tapes sur la fesse du pilote, c’est à droite ; une tape, c’est à gauche ; plusieurs tapes, y’a un problème. Pas de dérouleur de road-book, juste un lutin à tenir dans la main gauche, pas toujours facile à lire tant on est secoué. Moi qui pensait pouvoir bouquiner tranquillos mon Moto Magazine de septembre, ça va pas le faire.
Premier CH, kilomètre 15, le frein avant fume. On s’arrête, on regarde, on ne voit rien, on jette de l’eau gazeuse dessus pour refroidir. Ce n’est pas que l’eau gazeuse refroidit mieux mais c’est celle qu’on avait à bord et qu’on avait prévu de boire. 4 mn de passées. On repart en mode « retard » et on verra si ça fume encore. Belle région l’Auvergne, avec de belles vaches qu’il faut changer de pâtures régulièrement. Un joli troupeau est de sortie sur la route car l’herbe doit être plus verte à 400 mètres de là, nous les suivons patiemment au rythme bucolique de 5 km/h. Reste 8 kms et moins de 6 mn avec pas mal de virages. Je dis à Zébulon :
- Bon ben je crois qu’on va prendre des pénalités
- Combien de kilomètres ? me demande-t-il, on peut encore y être.
Et en effet nous pointerons dans la minute.
Première spéciale
3,2,1 gaaazzzz, gauche, droite, accélération, freinage, droite, je suis un peu en retard pour revenir me positionner sur le gauche, je tire très fort sur les bras et pousse sur les jambes. Ca file, ça va vite, pas le temps de réfléchir surtout qu’on découvre totalement la spéciale. A l’arrivée, j’ai l’impression que mes bras se sont allongés de 10 cm tant ça a tiré dessus.
Deuxième spéciale
3,2,1 gaaaazzz. Beaucoup moins rapide mais composée d’enchainements de virages et des changements de position. « N’oublie pas de respirer » m’avait dit zebulon au départ de la spéciale. En effet, arrivé à ce que je pense être le milieu de la spéciale, je suis déjà bien essoufflé et je me dis que la fin va être « coton ». Allez on ventile, on ouvre la bouche, on respire grand et fort, Mince ça fait de la buée dans la visière et je ne vois plus grand-chose. Ca secoue au freinage, le side glisse à gauche à droite, ça dribble et les 180 CV hurlent en sortie de virage. Putain elle est encore loin l’arrivée ? Où est ce fichu panneau ? On s’accroche : droite, gauche, droite puis gauche apparemment très serré. Je dis apparemment parce que la moitié du temps je suis en appui sur la place passager et je ne vois pas à l’avance ce qui arrive à la suite. Raaaah la cellule d’arrivée enfin ! Le point stop, j’ai l’impression d’avoir couru 1 km à fond et je peine à reprendre mon souffle. Et Zébulon qui rigole sous son casque et qui me dit qu’on n’est pas trop mal monté.
Ravitaillement
Accueilli au sein des side-caristes comme un pacha, tout le monde est au petit soin pour le petit nouveau que je suis. Ca vanne pas mal à la mode Joe Bar Team. On me signale que je vais avoir le corps plein de bleus qui vont virer à toutes les couleurs de l’arc en ciel pendant la semaine suivante, me demande si j’ai déjà eu des côtes fêlées en raison des chocs, que certains prennent de l’aspirine et de l’Arnika en préventif…
Et bis repetita…
Parcours routier, spéciales, de jour, de nuit, 560 kms. Sur les liaisons, je me penche comme en moto du côté du virage pour contrer la force centrifuge. Et puis on entend vachement bien le ronflement de la mécanique, faut dire qu’avec le silencieux pot d’échappement à 10 cm de l’oreille gauche…
Si après l’étape de jour, je me disais que cette expérience était très intéressante mais sans avoir envie d’y revenir, j’avoue qu’à la fin de l’étape de nuit, je commençais à prendre mes marques et mes petites habitudes.
L’apéro à 3 heures du mat’
Y’a que sur les rallyes qu’on peut voir ça, on refait la course, on rigole bien, on mange (un peu) et on va se coucher car il faut reprendre la route du retour quelques heures plus tard.
Il me reste à remercier Zébulon de m’avoir proposé cette « pige » et sa bonne humeur, Albert et Marie Choin (les fabricants des sides Choda) pour leur accueil et toute la famille des side-caristes pour la chaleur, la bonne humeur et l’humanité que dégage tout ce beau monde à une époque où le virtuel prend décidément trop de place dans nos vies.
Et à tous les motards « solos », prenez donc un peu de temps et une place dans un panier pour découvrir cet univers dans l’univers. « Vers l’infini et au-delà » dixit Buzz l’éclair, seuls les moins de 20 ans comprendront