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Le CR en direct, pour ceux qui ont la flemme d'aller le chercher sur le Net...
Préambule
L'histoire commence à l'hiver 2012 où, en réaction à l'annulation de l'Ultimate 2011, je décide de faire une grande partie de la saison 2012 du CFRR et de la clôturer par une participation au Dark Dog Moto Tour 2012 au sein de l'équipe des Ch'tis Normands qui s'est constituée autour de Robert Degaudez, aka Rob Ze Coach.
Entre le Rallye de La Sarthe où je « vole » la coupe du 3ème en Anciennes, parce que les organisateurs ont oublié que le règlement a changé et qu’il ne se fait plus que sur l’étape de jour, et le Rallye de L’Ain où je gagne la 3ème place en Anciennes à la régulière et fête mes 50 ans au milieu d’un CH perdu dans la forêt, tout s’annonce sous les meilleurs auspices… jusqu’à la veille du Rallye du Dourdou où les gravillons aveyronnais décident pour moi que je ne participerai pas au DDMT 2012. Tibia fracturé contre une Laguna, plaques, ré-éducation, tout ça… Je ne peux même pas être présent en tant qu’assistant pour les Ch’tis Normands, je suis le DDMT depuis mon canapé… Grrrr…
En 2013, je n’ai pas suffisamment repris la moto pour envisager le DDMT en tant que participant, mais j’ai l’honneur d’être retenu comme assistant par la branche caennaise des Ch’tis Normands et me voilà en train de faire le DDMT 2013 au volant d’un Master tractant une caravane, pas vraiment l’engin idéal pour faire le scratch, mais bon, ça permet au moins d’être dans l’ambiance.
En 2014, je me remets en selle en participant, avec miss XT, au Rallye des Ch’tis Givrés qui, s’il n’a pas de classement ni de spéciale, n’en reste pas moins un vrai rallye, avec des vraies routes de rallye (si on peut encore appeler cela « routes ») dégotées par Rob dans son Ch’Nord préféré… et je prends là-bas la décision de participer au DDMT 2014 !
La préparation
Tout doucement, au printemps, je commence à préparer miss XT, lui fait une bonne révision et au début du mois de juillet, tout me semble prêt… Sauf que je commence à découvrir 2 ou 3 trucs qui ne vont pas et me font rapidement monter le niveau de stress : tube de fourche piqué et à remplacer, avec le joint spi, évidemment, ensuite circuit électrique farceur, ensuite porte-couronne usé jusqu’à la corde, sans parler du choix de pneumatiques, tout part en vrille à quelques jours du départ…
Bon, après plusieurs soirées de mécanique, électricité, énervement, je finis par avoir une moto prête et peux passer aux préparatifs du paquetage du bonhomme.
Le départ pour Saverne
Vendredi 26 Septembre aux aurores, je hisse miss XT sur la remorque prêtée par un pote, remplit la Kangoo avec toutes les affaires nécessaires pour une semaine de moto et me voilà en route vers la tanière de Dom où je dois retrouver Rob Ze Coach et Eric Ze Assistant De Choc, aux commandes du superbe camping-car qui va nous suivre et nous héberger pendant cette semaine de DDMT.
A l’heure prévue, nous nous retrouvons, installons miss XT sur la remorque du camping-car à côté du DR 650 de Chabou, transférons mes affaires dans la soute et c’est parti, direction Saverne, le DDMT commence vraiment !
Nous arrivons à Saverne en début d’après-midi, le paddock est déjà à moitié plein et la branche rouennaise des Ch’tis Normands (un arbre à plein de branches cette équipe !) nous a réservé une place dans laquelle nous nous installons. Nous déchargeons les motos, organisons nos affaires dans le camping-car et prenons la première mousse qui scelle définitivement notre entrée en course ☺
Le reste de l’après-midi est consacré à une reconnaissance de la spéciale de Reinhardmunster, la première que nous emprunterons 2 fois dimanche après-midi, j’ai beau essayer de mémoriser tout ça, je n’arrive même pas à me rappeler dans quel sens est le premier virage, ça promet… De toutes façons, avec miss XT, je vais aussi vite en improvisant qu’en connaissant la traj’, alors…
Et puis, mon seul objectif, pour ce DDMT 2014, est de le terminer et de me baigner sur la plage du Mourillon après avoir posé la bécane au parc fermé de l’arrivée !
Bon, OK, si je pouvais, en plus, ne pas prendre trop de pénalités, ça me ferait plaisir, mais je ne vais pas en faire des tonnes pour ça, je veux surtout TERMINER !!!
Les contrôles
Samedi matin, dès potron-minet, nous voilà à faire la queue sous la tente du contrôle administratif, qui se passe « finger in ze noze ». Ensuite, hop, on écoute le laïus du médecin de la course qui donne les conseils en cas d’accident et on se rue vers le contrôle technique où l’attente peut être longue.
Auparavant, miss XT a été habillée de ses derniers atours de rally-bike, ie les plaques numéros. Elle porte fièrement le numéro 139 et ça lui va plutôt bien.
Le contrôle technique se passe sans trop de difficultés, de toutes façons quand vous arrivez avec une moto de 34 ans, que la quasi-totalité des contrôleurs ont eu comme bécane quand ils étaient jeunes, ça crée une ambiance plutôt favorable. Il faut malgré tout que je retourne chercher ma dorsale complète, car celle de mon blouson Dainese, même si elle est homologuée, fait faire la moue au contrôleur en charge des vêtements et j’avoue partager son analyse sur les risques pour ma colonne « vers-les-bras ».
Pour la bécane, je dois la dépoiler pour montrer le circuit de récupération des vapeurs d’huile et le montage avec un filtre K&N au bout d’un grand tube après le boitier en sortie de carter convainct le contrôleur, même s’il n’est pas totalement conforme au règlement qui imposait un bocal d’un litre dans ce cas-là… Quand je vous dis qu’une mamy-rally-bike a droit à quelques égards, hein ?
Voilà, en milieu de matinée, miss XT est au parc fermé, l’attente peut commencer jusqu’à dimanche midi.
La parade
En fait, pour que l’attente soit supportable, les organisateurs ont tout prévu et ils nous ont donc organisé une parade dans les rues de Saverne. En fin d’après-midi, nous récupérons donc nos brêlons qui ont, entre-temps, été équipés d’un transpondeur et d’une puce pour les chronométrages en spéciale et pointages aux CH, et nous partons faire un tour dans Saverne. A l’arrivée, il y a énormément de spectateurs et je commence à entendre les premiers « Oh, regarde, une XT500, c’était ma première bécane, ça… » ☺
Après la parade, nous remettons nos bécanes en parc et la vraie attente commence.
La soirée se déroule calmement, à part un repas dans un gastos local où nous venons à bout de choucroutes gargantuesques, la mienne contient 1.3 kg de jarret fondant à souhait… La nuit s’annonce digestive, en fait, pour moi, elle sera blanche, je suis tellement pressé de démarrer que je n’arrive pas à trouver le sommeil. En plus, le camping-car où vit habituellement un chien ou autre chose m’a déclenché une énorme allergie qui m’empêche de respirer correctement depuis vendredi soir, ça promet…
Dimanche 28 Septembre : 1ère étape : Saverne – Saverne : 149 km
La matinée du dimanche se déroule tranquillement, le contrôle technique bat encore son plein pour pas mal de concurrents. Côté Ch’tis Normands, toutes nos bécanes sont en parc fermé depuis samedi après-midi, nous n’avons donc qu’à attendre en nous promenant dans le paddock pour rencontrer des potes pas revus depuis longtemps, pour ce qui me concerne vu que je n'ai pas couru cette année.
Les premiers départs ont lieu aux alentours de 12:30 dans l’ordre croissant des numéros, à intervalle de 30 secondes. L’organisation nous a prévu une petite variante au départ, puisqu’il faut passer par le podium pour présenter chaque bécane et chaque participant. Cela m’ajoute une petite dose de stress pour la reprise de la compétition, car je n’ai pas envie de caler sur le podium et de montrer à tout le monde mon coup de jarret dévastateur ☺
Tout se passe bien, je réponds aux questions du speaker et descends du podium pour aller prendre le vrai départ. Je récupère mon carton et me voilà parti pour le premier CH qui est court en kilomètres, mais large en temps pour ne pas nous obliger à faire les fadas dans Saverne. Je pointe donc dans les temps au départ de la spéciale de Reinhardmunster et me voilà dans la file d’attente, car il y a eu quelques sorties de route et il faut donc patienter avant que la course ne reprenne… De toutes façons, chacun sait qu’en rallye, on patiente beaucoup en regardant amoureusement l’horloge ☺
Je pars le couteau entre les dents dans la spéciale, sans arriver à me rappeler d’aucun des virages, pourtant reconnus tout récemment, pas grave, de toutes façons, je ne suis là que pour TERMINER ☺ Malgré ça, en fait, je m’amuse vraiment dans cette spéciale qui sera, sans que je le sache encore, une de celles que j’ai préféré.
Le CH qui suit la spéciale est plus long que le précédent, le temps est malgré tout assez large, je peux donc prendre mon temps pour me ré-habituer au roulage avec roadbook : on regarde la case suivante, on mémorise la distance et la route à prendre et on roule ensuite avec un œil sur la route et un œil sur le compteur Vector, prêt à tourner quand le moment est arrivé. Il y a intérêt à être attentif, car les cases s’enchainent vite, surtout dans les traversées de villages et elles sont nombreuses sur cette étape. Le roadbook nous prévoit une première "farce à la Bournisien" avec presque 1 km de tout-terrain au milieu du vignoble alsacien. Sur le sec, ça va, mais sur le mouillé, cela aurait été folklo.
Pendant le routier, je suis rattrapé par Fleup et sa VFR et le vois faire exploser son amorto AR sur un dos d'âne. Malgré une brêle sans suspattes AR, il continue à rouler comme un dératé et le soir, il sera sauvé par l'absence de parc fermé qui lui laisse tout le temps nécessaire pour démonter l'amorto, en trouver un sur le Coincoin à 130 km de Saverne, aller le chercher d'un coup de moto, démonter l'amorto de la moto du vendeur, remonter le sien, ramener l'amorto de remplacement à Saverne et le remonter sur sa brêle... Couchage à 1:00 du mat' pour un départ 3 heures plus tard, joli coup, Fleup...
Bilan de la première journée : aucune pénalité, 149ème sur 176 classés, 8ème sur 10 en Classiques.
Lundi 29 Septembre : 2nde étape : Saverne – Doussard : 815 km
Voilà certainement la plus grosse journée de moto que j'ai jamais réalisé dans ma vie de motard. J'ai déjà fait largement plus de 800 km sur une journée de moto, mais je n'avais jamais, jusqu'à ce jour, passé quasiment 18 heures en selle. Mon heure de départ était 4:00 du matin ce lundi et j'ai passé le dernier CH à Doussard à 20:20, avec juste une pause d'une heure (de mémoire) à Doussard lors du premier passage au paddock, avant la dernière spéciale de la journée.
Réveil donc à 3:00 du matin, pour manger un petit bout et me préparer doucement. Avec Rob, nous nous sommes organisés dans le camping-car, chacun d'entre nous a ses affaires sur un des sièges avant, comme ça, on est sûrs de ne pas avoir à chercher tout ça et surtout on n'oublie rien, à un moment où l'esprit est déjà ailleurs, dans l'étape qui va venir...
1/2 heure avant l'heure prévue, je me présente avec miss XT au CH de départ, histoire de m'immerger dans l'ambiance et récupérer une information importante : la durée du premier CH. Muni de cette information, je peux alors calculer tranquillement mon heure d'arrivée au premier CH et cela fait partie des petits trucs qui simplifie la vie du rallyeman de pouvoir calculer à l'avance ses heures d'arrivée. Ce n'est pas devant l'horloge d'arrivée, bien stressé d'un roulage pénible, qu'on a toutes ses facultés pour calculer correctement son heure et savoir si on doit pointer ou attendre.
Là, le premier CH fait 384 km et on a 6 h58 mn pour le faire. Ca parait large, puisque cela fait à peine 55 km/h de moyenne, mais une bonne partie va se faire de nuit, dans les Vosges en suivant un roadbook bien tordu et plein de changements de direction, il ne faut donc pas s'endormir et rouler tout de suite suffisamment vite et régulièrement pour ne pas perdre du temps dès le départ.
A 4:00 du mat', je me présente donc devant la table de pointage, reçois mon carton, remercie les commissaires des encouragements qu'ils me donnent et me voilà parti pour 7 heures de roulage. Je rentre doucement dans la nuit vosgienne et j'enquille les routes prévues. Ne me demandez pas exactement par où je suis passé, je n'en sais rien, je me rappelle juste avoir traversé la forêt du Hohwald, être passé 2 fois au Col du Bonhomme, avoir fait la route des Crêtes entre le Bonhomme et la Schlucht, être descendu vers la Bresse et avoir passé encore plusieurs autres endroits déjà parcourus lors de mes nombreux passages en moto dans les Vosges... Sauf qu'il n'était pas entre 4:00 et 6:00 du mat', que je n'étais pas sur une XT500 à suivre un roadbook en essayant de tenir une moyenne...
J'accroche d'abord un premier groupe, mais avec ma trapanelle, si j'arrive à suivre quand les montées ne sont pas trop importantes, dès que ça grimpe, je bouchonne tout le monde à chaque sortie de virage, donc je préfère laisser partir ce groupe et rouler seul. En plus, quand on suit dans un groupe, on a tendance à ne plus suivre le roadbook aussi précisément et si le premier se paume, on se paume avec lui. Du coup, je préfère soit emmener un groupe, soit rouler seul et sur cette étape, comme sur d'autres, je vais souvent rouler seul, en fait. Cela dit, rouler seul, se laisser bercer par les pointillés qui apparaissent dans les phares et se tortillent devant vous, c'est juste magique et je prends un pied pas possible à rouler ainsi !
Miss XT ayant presque 300 km d'autonomie avant réserve, je double, vers les 200 km de roulage, plein de participants qui doivent s'arrêter et je continue jusqu'à une pompe où il n'y a personne. De cette manière, je perds moins de temps à faire le plein.
Le soleil se lève alors que j'aborde le Jura, la lumière est juste magique, avec un mélange de soleil et de brumes, sur des routes toujours aussi superbes. Cela faisait longtemps que je n'avais pas roulé dans de telles conditions, c'est juste du bonheur !
J'arrive à la fin du premier CH avec une 1/2 heure d'avance, j'en profite donc pour manger un peu, enlever les vêtements de pluie mis pour ne pas avoir trop froid dans la nuit et je me présente au départ de la base chrono.
La base chrono, c'est simple : on doit tenir une moyenne sur une distance qu'on ne connait pas à l'avance, en suivant le roadbook, donc sur route ouverte. L'exercice parait simple, mais ce n'est pas vraiment le cas, il faut très rapidement se mettre à la bonne vitesse et ne pas se perdre. Cette première base chrono est malgré tout simple, car elle est quasiment en ligne droite, sans changement de direction, sur une piste forestière où les seules difficultés sont quelques passages sur la terre où il n'y a pas vraiment besoin de couper les gaz, le sol étant bien sec et dur. Au moment où je découvre la cellule de sortie de la base, je vois mon compteur affichant une moyenne de 55 km/h, pile-poil ce qui était demandé...
Ca sent la bonne place, ça et, effectivement je termine 13ème de cette base chrono, à 1 seconde du temps de référence !
Quelques temps après la base chrono, je retrouve mon pote Chabou et son DR 650 et nous faisons route ensemble. Dans une grande courbe, je lui signale des gravillons, continue ma route et regarde un peu plus tard dans le rétro : plus de Chabou... Je fais 1/2 tour et le trouve entouré de motards qui l'aident à relever sa bécane du talus dans lequel il a glissé à cause de ces gravillons. Pas de bobo, juste la belle combinaison toute neuve un peu rapée, il re-démarre la DR en se laissant glisser dans la descente et nous voilà repartis après 4 ou 5 minutes d'arrêt. Quelques minutes plus tard, alors que nous roulons à 4 ou 5 motos, Chabou se re-colle une seconde gamelle, toujours sur des gravillons, mais je ne m'en rends pas compte, car je mène le groupe et vois toujours des motos derrière moi. Chabou doit abandonner, avec l'épaule et la moto chiffonnée... Pas de chance, sacrés gravillons (et on n'est pas dans l'Aveyron, pourtant...), Chabou ne verra encore pas les plages du Mourillon.
Le second CH de la journée, qui se termine à la spéciale au-dessus de Doussard, fait 200 km, on a un temps qui semble large, sauf que la fin du CH se passe en ville avec de nombreux travaux, beaucoup de trafic et, au final, comme plein d'autres participants, je prends mes premières pénalités en rallye : 5 mn de retard qui correspondent grosso modo au temps passé à aider Chabou, mais c'était pour une bonne cause, alors...
La spéciale ne me laisse pas un souvenir impérissable, elle est rapide et en côte, du coup avec miss XT, ça ne le fait pas, vitesse de pointe trop basse et relances pénibles, je termine 155ème, rien de bien intéressant. 60 km plus loin, on arrive enfin à Doussard pour une assistance d'une heure, qui permet à Eric, notre assistant de choc, de faire le plein de la moto, vérifier le niveau d'huile et , de mon côté, je mange enfin quelque chose de correct, car je n'ai fait que grignoter depuis le départ. J'ai de la visite de membres du forum XT, c'est bien agréable de les rencontrer et d'expliquer plein de choses sur le rallye et la préparation de la moto.
Après cette assistance, il nous reste encore 160 km et une spéciale à faire, il pleut, cela pourrait n'être pas facile de se motiver pour repartir, mais en fait, je repars sans aucun problème. Je suis là pour TERMINER, je terminerai !
Après un CH de 100 km, nous voici de nouveau au départ de la spéciale. Il ne pleut plus mais la route est mouillée. Je fais un temps encore moins bon qu'au premier passage, mais pourtant, je fais une meilleure place, 134ème. Finalement, ça a du bon de vivre en BZHie, je ne suis pas perturbé plus que ça par les routes mouillées.
Après un CH de 60 km, je me présente sur la ligne d'arrivée de l'étape, sans pénalités, il fait nuit et je viens de passer 18 heures à moto et j'ai fait 815 km sur des routes géniales, mon baromètre perso est coincé sur "bonheur", le vrai baromètre, lui est plutôt coincé sur "pas beau temps", on devrait avoir de la pluie demain matin pour quitter Doussard.
Petite douche à l'étape, repas dans la salle avec d'autres participants, on retrouve Chabou avec l'épaule en vrac et on a la visite de Jean-Louis Mas, alias Jolitorax, le rallyeman de l'étape qui vient partager avec nous ses souvenirs de Moto Tour passés. La soirée s'écoule doucement, on ne se couche pas forcément très tôt. De mon côté, je n'ai pas vraiment sommeil, mes allergies me gênent toujours et la nuit n'est pas bien géniale. Si je continue comme ça, ça va vite me poser un problème...
Je termine la journée 138ème au scratch (merci la base chrono !), 5ème en Classiques, tout va bien.
Mardi 30 Septembre : 3ème étape : Doussard - Langeac : 553 km
Réveil sous la pluie à Doussard, ça promet… Le temps est bouché, mais la météo nous promet un temps meilleur en allant vers l’Ouest, alors allons vers l’Ouest. Le départ a lieu aux alentours de 7:30, ça va, c’est gérable d’un point de vue sommeil. Bibi et sa compagne, du forum XT, sont revenus me voir partir, qu’ils soient remerciés encore de leur soutien.
Je pars donc sous la flotte, et j’emmène une charmante jeune dame qui m’a demandé de lui ouvrir la route, elle pourrait être ma fille, c’est marrant pour ça aussi le rallye et la moto, ces rencontres qui n’auraient jamais lieu autrement. Ma suiveuse se paume dans les embouteillages du bord du Lac d’Annecy, mais elle pointe quand même à l’heure au premier CH qui précède la spéciale de Muraz.
Celle-là, comme beaucoup d’autres, a un départ en montée et, avec miss XT, c’est un peu galère quand il y a de l’attente, car j’ai le choix entre pousser la moto moteur arrêté ou bien me muscler le jarret droit avec des re-démarrages incessants qui m’énervent passablement car ma bécane doit être mal réglée et démarre mal, surtout à chaud. Eric règlera ça 1 ou 2 jours plus tard, en reprenant le réglage de la vis de richesse, qui était incorrect.
Nous attendonc donc un grand moment sous la pluie, suite à des chutes, puis vient le vrai démarrage de la journée, avec ce premier passage en spéciale. Comme cela sera souvent le cas, la spéciale est en montée assez forte et miss XT manque cruellement de watts, en même temps comme elle manque aussi cruellement de freins, ce n’est pas plus mal, finalement. Je réalise d’ailleurs, qu’après une spéciale, je roule pendant une bonne dizaine de kilomètres avec la poignée de frein AV qui vient en butée sur le guidon, je n’ose même pas penser comment le tambour AV doit trinquer…
A la suite de la spéciale, un gros CH nous attend, histoire de nous amener jusqu’à la seconde spéciale du jour, que nous parcourerons 2 fois. Ce CH nous fait traverser l’Isère, la route passe tout près du berceau de ma famille maternelle, je me demande même si on n’est pas passés devant la ferme de cousins dont j’entends souvent parler. En tout cas, les noms des villages traversés en Isère m’étaient bien familiers. Nous arrivons ensuite sur la vallée du Rhône au-dessous de Vienne et, là encore, je connais bien le coin, puisque ma mère et ma sœur aînée habitent tout à côté de Vienne. Désolé, je n’ai pas eu le temps de m’arrêter prendre un café, j’étais attendu à Langeac…
Au début de ce CH, sous la flotte qui nous accompagne encore, je me fais un gros jardinage dans les bois, avec un groupe de motards où sont présents plusieurs autres Ch’tis Normands. On essaie plusieurs chemins en forêt, au grand dam des promeneurs qui nous disent « mais, non, ce n’est pas par là… ». Pendant ces moments de jardinage (il y en aura quelques autres…), je me répète souvent une phrase de Fred (alias Yolu08) prononcée un soir d’étape avec jardinage en 2013 : « sur le DDMT, quand tu es perdu à un carrefour, tu prends la route la plus pourrie, c’est forcément la bonne… ».
Juste avant de traverser la vallée du Rhône, je m’arrête faire le plein et miss XT me fait sa première « cagade » : plus d’un ¼ d’heure pour re-démarrer après le plein et, bien évidemment, c’est quand j’ai enlevé casque, gants et blouson pour ne pas avoir trop chaud à kicker, qu’elle re-démarre et que je dois me ré-équiper à toute vitesse en espérant qu’elle ne cale pas de nouveau… Sacrée XT !!!
Le beau temps est revenu et la traversée de la Loire, via le massif du Pilat, est juste magique. Les routes sont superbes et les paysages à couper le souffle. Je n’ai pris aucune photo, mais je peux vous garantir qu’ils sont gravés profond dans ma mémoire. La suite du CH se passe sans problème, je récupère le temps perdu à faire le plein et arrive avec une bonne avance au CH avant la spéciale de Langeac. Encore une spéciale très rapide où miss XT plafonne gentiment à 105 km/h, en plus il y a un gros freinage en descente, je ne vous dis même pas le chant des tambours au fond des bois, « allo, le tambour ? je veux freiner, je répète, je veux freiner… ».
Après la spéciale, nous arrivons à Langeac, où le paddock est vraiment superbe, dans ce grand camping et après une assistance qui permet de bichonner la moto et le pilote, nous repartons pour une boucle qui nous ramène une seconde fois à la spéciale de Langeac. Les routes sur cette boucle sont, encore une fois, du bonheur en barre, ça tourne pendant des kilomètres avec des vues superbes sur la vallée de l’Allier. Après le second passage dans la spéciale, je rattrape 2 PSR qui me laissent gentiment passer, marrant de voir leurs grosses XTZ et MT09 sautiller sur ces routes défoncées, là où miss XT passe bien plus facilement… Comme quoi, les kilos en trop, c’est toujours un problème…
La journée se termine tranquillement au paddock de Langeac. Eric change mon câble d’embrayage car il trouve que ledit embrayage est bien dur et manque de garde, ça améliore un peu la situation mais il faudra encore un autre réglage le lendemain pour avoir un vrai embrayage bien fonctionnel, qui me servira, on le verra plus tard, à faire quelques départs « canon »…
Je termine cette journée en 146ème position au scratch, 8ème en Classiques, il n’y a pas à dire, le pilote et la moto ne sont pas faits pour les spéciales rapides.
Mercredi 1er Octobre : 4ème étape : Langeac – Brive-La-Gaillarde : 343 km
Départ un peu plus tardif encore aujourd’hui, à ce rythme-là, ça va finir en colonie de vacances, ce DDMT… La journée commence par une spéciale, à Villeneuve, dont je ne me souviens pas, certainement parce que c’est encore une spéciale où miss XT a avoué ses limites…
Pas grave, malgré tout, chaque spéciale est un moment magique : avant le départ, quand tu as enfin donné ton carton et que le commissaire te le ramène, tu sais qu’il ne te reste plus que quelques secondes pour te concentrer, vérifier trois fois que ton casque est attaché, cinq fois que tes gants sont bien mis, dix fois que la première est enclenchée et là, tu avances jusqu’au directeur de spéciale qui te file les derniers conseils « attention, ça glisse dans le Xème virage… on a mis des panneaux, etc… » Ensuite, ton regard se fige sur le chrono qui égrène les 15 dernières secondes, tu essaies de préparer le mieux possible ton départ et tu attends la petite tape sur la fesse qui te dit « go !!! » Et là, c’est parti pour 2 à 3 minutes de folie où tu essaies d’être le plus propre possible, pour aller vite, faire plaisir aux spectateurs souvent nombreux, t’amuser et arriver au bout de la spéciale sans encombres… A l’arrivée au point Stop, à chaque fois, j’ai un sourire façon « banane » sous le casque et le palpitant à 180 et je réponds machinalement à la question du gars au point Stop « ça s’est bien passé ? Oui !!!». Là, tout de suite, il te faut re-descendre en pression, te rappeler que tu es de nouveau sur route ouverte, que tu ne dois plus couper les virages et qu’il y a un roadbook à suivre. A chaque fois, pour faire ça, je prends le temps, au point Stop, de calculer et marquer sur le lecteur de roadbook l’heure d’arrivée au prochain CH. Ca permet de se calmer et de rouler en sachant en permanence si je suis dans les temps pour le CH ou non.
Le parcours entre Langeac et Brive est encore une fois superbe, on passe sur les hauts plateaux du Cantal où il n’y a que des vaches et des piquets… Des milliers de piquets qui tiennent des kilomètres de clôture… On a l’impression que, lorsqu’un de ces piquets fatigue, le propriétaire de la clôture ne s’embête pas à le remplacer, il en met un nouveau juste à côté… En même temps, ça fait des sortes de barrières très serrées qui doivent être plutôt efficaces pour arrêter la neige qui doit tomber en abondance l’hiver dans ces contrées en altitude. En tout cas, ça crée un paysage étonnant… Cela permet aussi des rencontres étonnantes où l’on voit un gars, spectateur du DDMT, installé tout seul au milieu de rien à regarder passer les motos. Je prends bien soin de saluer tous ces spectateurs qui se déplacent pour voir des inconnus traverser leur région, on partage la même passion, autant qu’ils en soient remerciés.
La descente sur Argentat est précédée de plusieurs autres descentes/remontées dans des vallées bien profondes, je me rappelle du village de Rivière annoncé longtemps à l’avance sur le roadbook. On se dit alors que cela doit être une ville importante et on découvre finalement, après ¼ de descente avec un virage tous les 50 mètres, trois maisons qui se battent en duel et il faut encore ¼ de montée avec un virage tous les 20 mètres pour rejoindre la « civilisation ». A Rivière, quand tu as oublié les allumettes dans tes courses, il te faut minimum ½ heure pour aller en chercher… et encore, quand il fait beau et que la route est dégagée ! Le mieux, c’est encore d’avoir un allume-gaz électrique…
L’arrivée sur Argentat est superbe, avec le passage au barrage du Chastang qui surplombe lui-même un autre barrage qui surplombe la ville. Les habitants d’Argentat doivent avoir une foi essentielle dans le béton qui a servi à faire ces 2 barrages, car si d’aventure, l’un de ces barrages pète, ils se retrouveront à Bordeaux sans savoir pourquoi…
Le second CH de la journée nous amène à la spéciale de St-Hilaire Peyroux qui est certainement celle que j’ai le plus aimé : rapide mais pas trop, viroleuse à gogo avec des courbes relevées qui se prennent sans toucher aux freins (de toutes façons, je n’en ai pas…) et une arrivée en ville totalement improbable… après un virage à 90°, on découvre la terrasse du troquet où est quasiment installée la cellule de chronométrage. On passe une 2ème fois dans cette spéciale après être passé à l’assistance à Brive où le public est vraiment nombreux dans le paddock.
Il faut reconnaitre que la suppression des parcs fermés a profondément changé l’ambiance dans le paddock : les motos sont là en permanence, pour les mécanos ça permet de faire l’assistance tranquillement sans stress, pour le public, ça permet de voir les motos et d’avoir donc un sujet de discussion qui permet de rencontrer les pilotes, pour les pilotes, ça évite de longues marches à pied avec tout le barda pour aller et revenir au parc fermé. Finalement, c’est plutôt bien, même si ça ne garantit plus les « bricolages » sur les motos après le contrôle technique, mais ça, personne ne le fait, hein ?
Jeudi 2 Octobre : 5ème étape : Brive-La-Gaillarde - Albi : 365 km
Départ encore plus tardif, ce jeudi alors qu’on a pourtant pas mal de bornes, ça promet une arrivée limite à la nuit sur le circuit d’Albi où est installé le paddock d’arrivée.
Avant le départ, les commissaires relèvent notre compteur kilométrique, on se dit «tiens, il va y avoir un contrôle à l’arrivée pour détecter d’éventuels pratiquants de raccourcis… » Ben non, finalement, le compteur ne sera jamais relevé une seule autre fois, donc les ceusses qui coupent peuvent continuer à couper, ils ne seront pas pris… En même temps, je n’arrive pas à comprendre le fait de « couper » le roadbook d’un rallye, je dois être un peu limité du bulbe : pour moi, suivre le roadbook à la lettre fait partie du jeu. Certes, j’ai réalisé plusieurs fois que David nous faisait faire souvent plusieurs dizaines de kilomètres pour nous ramener quasiment au même point, mais quand on voit les routes qu’il nous a fait prendre, ça en valait vraiment la peine…
La journée commence par un CH court qui nous amène à la spéciale d’Aubazine. C’est toujours un risque de pénalité ces CH courts dont le départ est en ville, tu perds au début du CH des cartons de secondes qu’il va falloir aller chercher ensuite en roulant propre, rapide et régulier si tu veux pointer à l’heure. A ce petit jeu, j’emmène à peu de choses près toujours les mêmes et je vois bien, à leur regard à l’arrivée au CH qu’ils se disent « finalement, on a bien fait de prendre sa roue, ça a permis de pointer à l’heure… ».
La spéciale d’Aubazine passe sans encombres, encore une spéciale très rapide où je suis à fond pendant de grands moments et où seul mon neurone protecteur me dit de couper et freiner avant les virages car, à la vitesse où j’arrive en courbe, un motard moins bien protégé par son neurone passerait sans couper les gaz ni toucher les freins. En fait, je suis quasiment certain que je passe, dans ce genre de spéciale, à peine plus vite que si la route était ouverte…
Ensuite, nous attaquons la traversée du Quercy et je reconnais bien certains coins d’une région proche de mon Limousin natal et où je suis souvent venu rouler à moto, avec miss Ducati. Malgré tout, je découvre des routes dont je n’imaginais même pas l’existence. Je retrouve aussi mes gravillons préférés, ceux de l’Aveyron, mais cette fois-ci, c’est moi qui gagne, ils ne m’ont pas eu ! En tout cas, les responsables des routes de l’Aveyron sont des grands malades, tout le budget doit passer en gravillons, vue la quantité qu’on trouve, y compris sur des petites routes où il doit passer 2 voitures par jour au maximum… Et, quand ce n’est pas des gravillons qu’on trouve sur les routes, ce sont des chataignes écrasées. Ok, là, les responsables des routes n’y sont pour rien, mais, entre chataignes et gravillons, je ne sais pas ce que je préfère…
L’arrivée sur Albi se fait par de très belles routes avec des courbes à gogo, pour une fois le roadbook ne nous a pas fait trop le coup du début bien difficile, milieu bien cool et final bien difficile qui te fait monter l’adrénaline parce que tu vois fondre toute l’avance gagnée au milieu du roadbook alors que l’arrivée n’en finit pas d’approcher.
La spéciale de Marsal se passe sans problème particulier, après un passage à l’assistance à Albi. Pas de souvenirs particuliers, donc ça devait encore être du trop roulant pour miss XT…
Belle soirée sur le paddock du circuit d’Albi, on est bien installés, les douches sont encore chaudes même si elles sont à pétaouchnok dans les abords du circuit.
Vendredi 3 Octobre : 6ème étape : Albi - Alès : 316 km
Albi – Alès, voilà certainement l’étape que j’ai préférée : un temps superbe, des routes de folie et une spéciale dingue à l’arrivée sur les circuits piste et rallye d’Alès !!
On part du circuit d’Albi en mode liaison neutralisée avec ½ heure pour rejoindre la cathédrale d’Albi, ce monument étonnant fait de millions de briques rouges. Le vrai départ a lieu derrière la cathédrale et le premier CH, court en kilomètres, se révèle très court en temps car on perd beaucoup de temps à sortir d’Albi. Encore une fois, je récupère plusieurs participants qui se la coulaient douce et prennent finalement ma roue pour arriver à l’heure au CH qui précède la seconde base chrono du DDMT.
Ah, cette seconde base chrono… J’y ai pris un bouillon phénoménal, parce que je me suis mis la pression tout seul…
Comme j’avais plutôt bien gazé sur la première (rappelez-vous, 13ème position à 1 seconde du temps de référence), je me suis cru champion du monde de la base chrono et j’ai abordé celle-ci en me faisant tout un film où je montais sur le podium à la fin du DDMT pour recevoir le challenge Base Chrono… Et, patatras, tout ce stress inutile m’a fait perdre les pédales… Me voilà parti dans la base chrono, le couteau entre les dents. Rapidement, j’ai le Vector à la bonne moyenne, mais je suis tellement focalisé là-dessus que je ne vois pas passer une intersection pourtant simple et que j’ai pris comme il fallait. Je réalise ça, commence à paniquer et au lieu de procéder comme d’habitude dans ce cas-là, ie. continuer jusqu’à l’intersection suivante, me voilà parti à faire demi-tour pour aller rechercher cette intersection. Je ne la retrouve évidemment pas puisque je ne sais pas depuis combien de temps je l’ai passée et que je ne veux pas tourner en rond trop longtemps. Du coup, mon compteur est tout décalé, et comme je suis en panique et que le chrono tourne, je ne prends pas le temps de le recaler. Conséquence immédiate, je loupe vraiment l’intersection suivante et je pars jardiner dans la campagne. Le temps de m’en rendre compte, de revenir sur la bonne route, j’ai pris une cargaison de minutes et je termine quasiment dernier de la base chrono…
Je m’arrête un bon moment après le point Stop, pour me calmer et évacuer tout ce stress et je reprends le roadbook. Je rattrape un gros groupe de bécanes mêlant concurrents et accompagnateurs et comme je sais que j’ai déjà pris beaucoup de retard, je remonte la file. Je vois bien le regard étonné de certains motards qui se font déposer par une XT en folie… 2 ou 3 motos s’accrochent à mon rythme et nous voilà partis à la rencontre du brouillard sur le plateau du Larzac. La lumière est étrange, on est dans le brouillard, mais sous le soleil, très étonnant. Les routes sont superbes, quelques fois, il en manque des morceaux, on voit bien les stigmates des gros orages de la semaine précédente.
A un moment donné, le brouillard devient trop épais, je m’arrête, suivi d’une seule moto dont le pilote me demande ce que je fais : « j’enlève juste mes lunettes, je ne vois plus rien ». Regard étonné de mon co-équipier qui a lui aussi des lunettes, et nous voilà repartis de plus belle dans le brouillard. Visière ouverte, sans lunettes, rien ne m’arrête et je récupère rapidement mon retard. Ce n’est pas plus mal car la fin du roadbook, 100 km avant Alès, devient vraiment corsée. On prend une route à flanc de montagne, avec des bacs à gravier profonds de 50 à 100 mètres, et avec un virage tous les 20 mètres. J’y suis 2 gars du CMPN, en TMax et R1 et finalement, miss XT n’est pas du tout à la ramasse derrière ces 2 engins 2 ou 3 fois plus puissants qu’elle. En fait, sur les routes du DDMT, il vaut mieux avoir une brêle légère et maniable sans moteur et sans freins qu’une bécane bourrée de chevaux avec des disques de frein façon 33 tours… Cela fait d’ailleurs plusieurs fois que je constate que je fatigue bien moins que d’autres participants sur des bécanes plus récentes qui se révèlent bien plus difficiles à emmener sur les routes improbables qu’on nous fait prendre.
Après ces quelques 40 km à tournicoter au-dessus d’Alès, nous arrivons au circuit pour faire une première fois la spéciale circuit+ piste rallye. L’attente est importante, en plein soleil sur le circuit, c’est un poil difficile de supporter le cuir, mais c’est pour une bonne cause, alors on patiente !
La spéciale circuit + piste rallye à l’envers, voilà le moment qui m’a vraiment marqué : un truc de fou !
On démarre donc dans le bas de la ligne droite du circuit devant les stands pour faire quasiment un ½ tour du circuit à l’envers. Comme je ne connais pas le circuit à l’endroit, cela ne me pose pas de problèmes particuliers. Coach Rob m’a expliqué qu’il y avait des petits cônes et des grands cônes au bord du circuit et qu’il fallait s’en servir pour trouver la traj’. J’applique ça à la lettre, vue ma vitesse j’ai bien le temps de localiser les cônes et, finalement, ça se passe plutôt bien sur la partie circuit. Au fond du circuit, on quitte la piste par une grande montée très raide qui se termine dans une épingle à gauche, pas facile à négocier avec un gromono poussif. Au premier passage, j’arrive là-dedans sur un rapport trop bas et je me demande encore comment je n’ai pas calé sur un coup de piston. Ensuite, le raccordement avec la piste de rallye se fait par une grande courbe le long d’une glissière de sécurité, assez impressionnante et on débouche à pleine vitesse sur un portail d’entrée sur la piste de rallye. Ce portail est situé derrière une bosse et il donne dans une côte très raide sur la piste de rallye. Il faut donc freiner avant la bosse et tourner à droite à 90° en montée juste après le portail. Au premier passage, je n’ai pas compris les signes du commissaire qui me montrait la piste vers la droite et j’ai découvert juste après la bosse au niveau du portail qu’il fallait freiner et tourner. Résultats des courses, avec mes ralentisseurs, je suis allé tout droit et, au lieu de faire un virage à 90°, j’ai fait un 540° dans la pelouse en face pour enfin rentrer sur la piste de rallye. A partir de là, c’est quasiment indescriptible : ça monte, ça descend, ça tourne à droite, à gauche, ça se referme, ça fait des épingles, le goudron est bon, mauvais, absent ou présent entre les trous, bref, c’est n’importe quoi, mais c’est ça qui est bon !!! On a l’impression de rouler dans une lessiveuse et on sort rincé mais content !!!
Au deuxième passage, j’ai précisé au concurrent qui me suivait de demander 1 minute au lieu des 30 secondes habituelles après mon départ, il ne l’a pas fait et m’a rattrapé dans la partie rallye de la spéciale. Il a klaxonné et gueulé, m’a-t-il dit, mais je ne l’ai pas entendu et il a fini par me passer au freinage sur une des dernières épingles, mais a failli se sortir… Retrospectivement, j’en ai encore froid dans le dos de savoir qu’on a arsouillé ainsi sur une piste aussi tordue…
La journée se termine au soleil sur le paddock d’Alès, avec force spectateurs qui viennent discuter. Miss XT attire beaucoup de monde, la phrase préférée restant : « t’as vu une XT, j’ai eu la même quand j’étais plus jeune » et je sens clairement que beaucoup se disent que je suis un poil barjo de rouler là-dessus en rallye.
Samedi 4 Octobre : 7ème étape : Alès - Toulon : 427 km
Samedi matin, petit pincement au cœur, on entame la dernière grosse étape, car il faut bien reconnaitre que, dimanche, ça va être du pipi de chat, les 38 km après toutes ses grosses journées de moto. Car, 300 ou 400 km, ça peut paraitre assez peu finalement en kilomètres, mais quand on voit les routes empruntées, qui nécessitent une attention permanente, sans compter la navigation compliquée et en y ajoutant les séquences spéciale, ça fait des journées de moto de 8 à 10 heures dont on sort heureux, contents mais fatigués. Un petit sondage autour de moi me montre rapidement que je ne suis pas le seul à avoir le fessier en feu, même ceux qui ont des bécanes réputées confortables se plaignent de leur postérieur et plein d’autres en ont plein les bras d’emmener leur moto. De mon côté, je n’ai pas cette fatigue-là, c’est certainement dû au poids plutôt léger de miss XT et au fait que sa poussivité m’impose d’enrouler plutôt de faire du frein-gaz-frein…
La matinée commence par une spéciale sur le circuit de vitesse : 5 tours de circuit précédé d’un tour de reconnaissance et d’un tour de formation. J’y vais en mode décontracté, sachant que je vais prendre cher en écart de temps avec ma bécane qui plafonne à 135 km/h (et encore après une ligne droite comme celle du Mans avant le Chemin aux Bœufs). Là, sur un circuit aussi tarabiscoté qu’Alès, j’arriverai péniblement à prendre 110 km/h. D’ailleurs, en fait, tout se joue très vite, dès le départ, je n’ai plus que 4 ou 5 motos derrière moi, j’arsouille pendant 3 virages avec un Vmax qui me largue dès la première grosse ligne droite, je me fais déposer par un Mono Ducati et j’arrive à contenir les 2 derniers en respectant scrupuleusement les conseils de Rob Ze Coach : « tu vas chercher le grand cône et tu plonges vers le petit cône avant d’aller chercher le grand cône suivant… ». A 4 virages de mon avant-dernier tour, je fais littéralement déposer par Renaud Fanon qui me passe à l’intérieur de la grande épingle en descente, avec son XLR qui est au rupteur, no comment… Je n’aurais donc pas la possibilité de faire les 5 tours, le drapeau à damier tombe dans mon 4ème tour.
Le parcours entre Alès et Toulon est encore une fois de toute beauté. On s’approche gentiment du juge de paix local, j’ai nommé le Mont Ventoux qui est couvert d’un beau chapelet de nuages. A Malaucène, il fait 25° et on cherche l’ombre pendant le ¼ heure d’assistance qui nous est imposé avant d’attaquer l’ascension du Ventoux. J’hésite à enfiler la veste de pluie, surtout pour ne pas avoir froid, finalement je reste en cuir et ça va passer en ayant un peu froid au sommet, mais bon c’est supportable.
La montée se passe super-bien, j’arrive au sommet avec une moyenne de 70 km/h, pas mal avec une trapanelle qui perd ses chevaux à la pelle à chaque mètre gagné en altitude. Au sommet, s’il me reste 20 chevaux dans le gromono, ça doit bien être le bout du monde… La descente vers Sault, c’est du pur bonheur, il faut juste que je me calme sinon mes freins vont déclarer forfait et ça pourrait devenir problématique. Dans Sault, on aperçoit 2 PSR en plein action, ces messieurs ont décidé de nous radariser depuis une terrasse de café, rien que ça… ou comment joindre l’inutile (puisqu’on les voit à 15 km de distance et qu’on peut se planquer derrière les cyclistes) à l’agréable (ils peuvent siroter des pastagas en radarisant…). Les cyclistes, parlons-en, le Ventoux en est plein et je les admire de monter là-haut par un tel temps, il fait froid au sommet, le soleil est caché, mais un jour, je reviendrai à vélo et je grimperai moi aussi le Ventoux à la force des mollets, non mais !
La spéciale du Pas de La Couelle, je l’ai bien aimée, mais j’ai moins aimé de devoir attendre longtemps, longtemps, parce qu’un gars avait décidé de se suicider dans les bois les bras attachés dans le dos… Quand on a tous dû s’écarter, dans la file d’attente, pour laisser passer la police criminelle, on a dû être plein à penser qu’on ne ferait pas la spéciale. Finalement, l’efficacité des commissaires nous a permis de passer juste avant la nuit.
Le retour sur Toulon se fait en mode Joe Bar Team, avec un groupe de moto qui grossit à chaque feu rouge, ça j’aime moyennement… Surtout quand on découvre qu’après roulé un peu n’importe comment, en fait, le contrôle horaire d’arrivée est neutralisé… Pas très cool, tout ça !
Voilà, Toulon est en vue, le DDMT est quasiment terminé, il reste une spéciale et le bain dans la Méditerranée. Ce samedi soir, c'est repos et repas avec les Ch’tis Normands, on mange en bord de plage et on va refaire 10 fois ces 7 jours passés à rouler ensemble.
Dimanche 5 Octobre : 8ème étape : Toulon - Toulon : 38 km
Lever à une heure quasiment normale pour un départ vers l’unique spéciale du jour : la Montée du Mont-Faron.
Le premier CH est large, même si on perd tous un peu de temps dans la braderie de je ne sais plus quel village et me voilà enfin à l’entrée d’une spéciale dont j’ai entendu parler plein de fois. Finalement, je m’y amuserai moyennement. Les bacs à gravier sont un peu trop profonds pour avoir envie d’aller les visiter et les épingles en montée ne sont pas faciles à négocier avec un gromono poussif : en première, le moteur gueule et la moto fait ce qu’elle veut, en seconde, ça cogne et ça ne repart pas… Malgré tout, je me fais mon petit saut sur la bosse en haut, j’ai suivi les conseils de Loulou l’an dernier, mais pour autant je ne claque pas une pendule, loin de là.
Par contre, ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est la haie d’honneur des commissaires et organisateurs après l’arrivée et le petit mot de gentil de Marc Fontan à chacun des participants. Cela a été l’occasion, pour moi, de le remercier en direct pour le boulot formidable qu’il a fait pour qu’on puisse prendre un tel plaisir à faire ***son Moto-Tour*** !
Le dernier CH est neutralisé, je re-descends tranquillement à Toulon, pas le moment d’avoir un pépin, j’ai un bain à prendre, non mais !
Dans le paddock, je retrouve les potes et on partage ce moment étrange où on est d’un côté très content d’avoir terminé et réussi ce pari et de l’autre très triste que ça soit fini.
Avec Rob Ze Coach, on va piquer une tête dans la Méditerranée, un peu deçu qu’il n’y ait pas la même ambiance que l’an dernier où quasiment tous les Ch’tis Normands étaient présents pour la baignade et pour la photo finale. Pas grave, ça ne peut pas se passer toujours pareil d’une fois sur l’autre…
Alors qu’on est en train de ranger nos affaires, une personne de Yamaha Racing vient m’inviter, moi le proprio d’une XT de 34 ans, à les rejoindre sur leur stand dans le village du DDMT pour un apéro. On y va avec Rob et Eric et, merci Yamaha, on a fait un excellent apéro dinatoire en compagnie de plusieurs champions : Denis Bouan, Julien Toniutti et Barbara Collet qui roulent tous sur des Yamaha bien plus jeunes que la mienne !
Le début de l’après-midi est consacré aux podiums, nous allons applaudir notre pote Fleup qui monte sur la troisième marche en Classiques et, ensuite, nous remballons nos affaires, montons les motos sur la remorque et repartons vers nos pénates. J’arriverai à Rennes en début d’après-midi le lendemain, fatigué mais heureux.
Conclusion
Voilà, j’ai atteint mon objectif : faire le Moto Tour avec ma XT500 et j’en suis fier et heureux !