La corse vu par un pinzuti
Tout commence dès le retour du rallye de la Sarthe le lundi 4 avril, pour une révision de la moto et les modifs châssis à venir. Le lendemain, je pars en déplacement professionnel pour 12 jours. La WRZ est démontée et contrôlée avant mon départ. Avec Didier de DL préparation nous avons choisi de monter un ressort arrière encore plus raide. La référence n’existe pas pour les yamaha, se sera donc un ressort de Honda CRF et des bagues seront faites pour adapter la différence de diamètre.
A mon retour, le dimanche 17 avril, le colis est bien arrivé, je monte ça en vitesse, je règle la précontrainte et ça à l’air mieux en statique. Nous ne sommes pas encore dans des valeurs déconnantes. Nous avons eu connaissance des spéciales corses le vendredi, elles sont rapides et surtout c’est un bitume typé piste… Très propre, des enfilades de virages, la petite 250 va galérer… Je referme tous les réglages hydrauliques, ça va être l’anti thèse du rallye de la Sarthe au point de vu bitume !
Pas le temps d’aller tester la moto, je charge tout sur la merco, le bateau est à Toulon ce lundi au soir.
Dans la file d’attente du ferry je retrouve les sarthois et Christophe Overnay, en discutant de choses diverses et variés, il me dit qu’il n’y a pas de sans plomb 98 en Corse ! Comment ça, c’est une blague ? Vraiment pas, et c’est vraiment pas cool, ma moto ne peut pas rouler avec du 95, il faut trouver un plan B, et c’est là que la famille rallye va devoir me sauver ! Qui peut m’aider, qui n’est pas encore sur place, qui peut avoir des bidons ? Stéphane, vite téléphone, texto, et là c’est le sauveur, pas de soucis, il me propose du 98, du 100, du 110, de la Nitro.. euhh on va juste prendre du 98, ça ira très bien. Et il me sauve sacrément l’ami de Motors spirit car je ne suis pas sûr que le piston en fin de vie (déjà 25h de vol) aurait tenu avec la détonation provoqué par le sans plomb 95. Après une nuit sous la ventilation des bateaux jaunes, nous, avec mon amie Lisa, arriverons mardi midi dans le petit village de Serra-di-Ferro entre Ajaccio et Propriano. Le planning c’est repos, pas trop moto, plage et dodo… Je prends quand même 30min pour aller tester les nouveaux réglages. Et quelle évolution ! La moto rentre bien en courbe, se conduit presque plus « au genoux » que en supermot’ ! Je vais me régaler ! Le mercredi je prends un petit temps pour aller sur les spéciales, qui ne sont pas très loin (en kilomètres bien-sûr, car en corse c’est 30km = 1h). L’ES de Calzola, est en montée, avec des portions rapides, et en arrivant dans les spéciales, que vois-je… Des traces de motos dans tous les sens. Petit rappel : les recos sont interdites en moto sous peine d’exclusion. Après si le parcours a été connu par tel ou tel moyen il y a quelques semaines, ce n’est pas « hors règlement » mais ce n’est pas très sport pour les autres… Je suis un peu dépité de voir ça, de plus, les vidéos de reconnaissances que j’ai « aspiré sur l youtube » sont pleines de bugs et il n’y a pas de réseau internet à la maison... Je ne vais pas trop m’attarder dans les spéciales en voiture, la jauge à essence descend plus vite que le compte tour monte… Le V8 se montre très gourmand. Je me limite à repérer les gros dangers et je roulerai à vue, ce sera le même combat dans l’es de Guargalué, qui est peut-être un peu moins rapide. C’est vraiment pas évident de se projeter en roulant en voiture et de se dire, bon là, je vais être 50km/h plus vite, je passerai à fond, soudé, pas touche aux freins… Nada, ça c’est dans la tête…
Le jeudi, et bien c’est Pizz, les potos viennent à la maison, et on profite du four à bois pour se faire un petit repas du midi en terrasse. On parle des ES, les copains ont essayé de les travailler à fond, c’est vraiment compliqué, tout se ressemble, tu m’étonnes, c’est gauche droite, gauche droite, plus un morceau de droit, euh, gauche droite… Moi j’ai repéré le virage du terre-plein, car déjà en voiture à 50 à l’heure il m’a surpris ! Retour sur les pizzas, malgré le feu allumé à 9h30 pour manger à 12h30, j’ai raté mon affaire… Bon les hôtes seront indulgents, ils accepteront de manger des pizzas pas assez saisies… Faudra attendre le dessert, la bonne pizza diet : la pizza sucre nutella, ahhh ça c’est des secondes de gagné dans les spéciales !!!
Vendredi matin, petite mine, il faut descendre à Porticcio pour les vérifs administratives et techniques qui sont prévus pour moi à 10h20. Petit problème, Lisa ne va pas très bien, il faut qu’elle aille aux urgences ! Ce sera donc Valérie qui va la déposer, comme ça je peux effectuer toute la partie administrative dans les temps ! Merci à elle! Amélie me colle mes numéros sur ma moto, Martine fait la photo reportrice et prépare tout le stand ! Quelle équipe de choc, vous assurez les filles !!!
Pierre profite d’un petit moment pour aller essayer ma mob, il en revient enchanté, et me dit qu’elle méritera d’être un chouille plus souple en compression sur la fourche pour mieux rentrer… On met 4 clics en moins, et on verra
Pour midi je me trouve un sandwich et je file sur Ajaccio récupérer Lisa, après le briefing, où on nous dit bien, que le routier est facile, mais, attention ! Sur les boucles jours, il y a un parc de regroupement, avec du coup des différences dans le road book, puis également un départ pour le prologue, toutes les 30sec à 2 pilotes, pour l’étape 1, départ toutes les 30sec, et pour l’étape 2 le samedi donc, départ toutes les minutes ! Cool, on ne sera pas tous roues dans roues ! Gilles nous informe également que les abus de « recos » à moto seront sanctionnés de la sorte : Le maire ne veut plus entendre parler de rallye moto les prochaines années… C’est vraiment dommage de détruire son jouet…
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Donc départ du prologue à 17h16 (nous faisons le prologue le vendredi après-midi, puis s’en suit l’étape nuit, qui se fera à moitié de jour, soit 2 spéciales en recos, 2 spéciales chrono de jour, et 2 ES chrono de nuit).
Première reco dans Calzola, la moto coupe, je ne peux pas accélérer à fond, je coupe les gaz ça reprend… Un gicleur bouché ? Le temps me parait long, je ne suis pas du tout concentré dans la spéciale, je me vois surtout rentrer au paddock avec une déclaration d’abandon alors que la « course » n’est pas commencée… Je réfléchi aux outils que j’ai, ça devrait pouvoir le faire, mais quand, et pourquoi subitement lorsque je mets pleine charge pendant plus que 30sec elle coupe ? Fin de l’es de reco, nous avons 15min pour rejoindre Guargalé, je roule sur un filet de gaz pendant 2km, et je remets une bonne dose de pleine charge, ça marche… et puis ça coupe ! Je réfléchi, pas longtemps, je viens de changer la durite d’essence juste avant le départ, elle est un peu grande et surtout plus souple que l’autre… et le coude créer un pincement, ça coule pas !!! Panne trouvée, mais là j’ai 2min d’avance au CH, et il faut aller vite dans la réparation ! Je retire les gants, trouve mon letherman sous mon kaway, sous mes barres de céréales, tout est par terre, j’enlève le filtre à essence, je vais faire au plus direct, je coupe, trop long, encore un morceau, c’est bon ! Pascal qui roule dans les même temps de pointage me dit, ohh, il faut pointer là ! Je passe la cellule avec tout mon bazar sur la selle, et je prendrai 1min supplémentaire pour finir mon affaire et ainsi faire la reconnaissance de Guargalé dans de meilleures conditions. Là, la moto marche, je suis un peu tendu, je décompresse en mettant du gaz… Je vais doubler 2 motos, un peu salement d’ailleurs, c’est bon, je suis dedans, ouff comment j’ai (eu) chaud !!!!!!!!!
Petite liaison, et on part pour l’ES 1, elle est trop compliquée, puis sans avoir fait correctement le passage en reco, je suis arrêté dans tous les virages, je freine par sécurité un peu partout… Au moins la moto est bien ! Et ça c’est vraiment plaisant ! Arrivé au point stop, pas de temps affiché, bon et bien j’ai fait un temps et peu importe au finale…
ES 2, on y va avec un peu plus d’engouement, 2.02min, Je demande à Félix qui est à l’arrivée, alors ça donne quoi ? Dernier ou avant dernier… Il me fait un petit sourire, effectivement, ce n’est pas le top… (45ème chrono, pas pire pour un touriste)
Retour au paddock, et là j’ai Amélie qui m’avait envoyé un texto avec les temps de l’ES1 de tous les pilotes de notre « team », je suis dernier, ça m’étonne pas… Je relis le texto, oui je suis dernier dans la liste de passage, mais c’est moi qui est le meilleur chrono ! J’hallucine vraiment, c’est pas possible ! Ils ont bossé les spéciales pas moi… Il y a un souci ! Effectivement, entre les mauvais pneus, les mauvaises pressions… Mais bon c’est la course, j’ai fait 42 eme temps dans l’ES1 et c’est toujours ça… pour un touriste.
Es 3 de nuit, 42ème temps également, ES4 ; je vois la cellule chrono, au loin, 2.08, j’en ai trop rendu, c’est pas possible, en même temps je n’arrive pas à mémoriser le parcours…
Retour au paddock par cette route nationale sans trop d’intérêts… Je prépare vite la moto pour demain, car ce soir, je rentre à Serra-di-Ferro pour dormir au chaud et redéposer Lisa à la maison !
Je serai classé 38 sur l’étape 1, il est content le pinzuti !
Avant de quitter le paddock, je prépare tout pour l’étape de jour du lendemain, je met un temps fou, je ne veux rien oublier, le mélange, le road book, ranger le bazar… Ne pas rater le camping pour récupérer Lisa, ça c’est fait… On se couchera à 2h du mat, premier départ prévu à 9h, 1h de route, un peu de marge, je décide de décoller à 7h20 le lendemain… ça fait cour la nuit !
Je suis ponctuel sur mes prévisions, sauf que sur la petite route qui relie Serra di ferro à porticcio(qui s’avèrera être notre route de liaison du jour) je lâche les chevaux ! Elle marche bien cette MercedesE430, gaz, frein, volant, contrebraquage, corde… Je suis chaud comme un touriste dans un sauna ! Arrivée à 8h10 au paddock, c’est la douche froide, mon départ est à 9h49… J’aurai pu dormir 1h de plus… On parle météo, pluie, à quelle heure ? Moi je dis 17h Chris, 12h, et bien se sera à 9h… On nous informe que les spéciales sont bien trempées. Ahh sympa les vacances en Corse, en plus il pleut !!! Je mets les pneus pluie, euh nan, j’ai que les BT45, je remets juste 150gr de plus d’air dedans, et c’est parti… C’est pas avec un grand engouement que je pars. J’ai pas roulé sur des routes détrempé avec ces pneus, je ne sais pas trop ce que ça va donner. La petite route de liaison est hyper sympa, des virages inclinés qui s’enchaines et s’enchaines ! Puis un billard bien lisse, de quoi prendre confiance au point de vu adhérence. Ça a l’air de tenir. Mais hier au contrôle technique, Benoit Nimis m’a dit lorsqu’il roulait sur un WRF450 en grandes roues il avait testé les BT 45 ainsi qu’avec les dunlop trail max (que j’avais l’année passée) et que ces derniers étaient vraiment mieux sur le mouillé, qu’ils prévenaient… arfff, je garde ça dans le coin de la tête… Sur la liaison je m’arrête, je prends une photo, je regarde le paysage… je repars, puis c’est Gérard Santelli qui me rattrape, je m’arrête à nouveau pour calculer mon heure de passage… outchh, 3min, et il reste 5km ! Gaz à fond, je passe la cellule, il me restait 15 sec…. Ahh le touriste s’arrête, le touriste flâne, mais le touriste est à l’heure…
ES5, bah oui c’est mouillé, et je ne connais toujours pas la spéciale, le touriste se fait mouiller. 27ème chrono
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]ES6 2.19 Félix me dit que c’est bien, c’est pas dégueu, je suis devant Sonia (pilote officiel KTM sur un 6.90), aller gaz !!!! Je suis content, mais bon si ça se trouve elle a fait 3 tout droits, mais bon je serais 26ème de cette ES !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Je croise des motos dans le village de guargualé, ahhh je vois que certains ne lisent pas (ou on enlevé) leur road book et fond des erreurs, ça va se payer très cher pour certains, en pénalités et même mise hors course… J’ai l’habitude d’avoir la tête dans le road book, vérifier 2 fois plutôt qu’une l’info, quitte à ne pas regarder la route et se dire qu’on est passé là tout à l’heure.
Retour par cette fameuse nationale, à travers les nuages, la pluie, et les glissades, oui car sur les routes fréquentées, il y a des camions, du gazoil ou je ne sais quoi… J’ai eu une bonne glissade de l’avant. Derrière Gérard s’en mettra une alors qu’il a des pneus pluies ! Je me dit qu’il y avait bien quelques chose dans ce col (col st georges)
ES7 et ES8 je suis à peu prêt dans les mêmes chronos, alors que le temps c’est dégradé dans la 8, on va rouler dans les flaques d’eau. En étant optimiste, je suis obligé de mettre la moto vraiment sur l’angle pour passer… Et bien en fait ça passait largement, je gagne un peu de confiance sur les limites des pneus ! 50ème et 32ème
Dernière boucle, au départ de l’es 9, stop stoppp, le 123 s’en ai encore mise une (le soir d’avant on m’a hurlé dessus pour ne pas que je parte, la gex était tombé 4m dans les ronces…) là c’est un squetch, le pilote veux arracher ces carénages gênant et finir la spéciale , mais au départ de l’es on est pas du même avis, il faut enchainer. Les premiers mètres sont secs, François le directeur de spéciale me dit, c’est simple, tu pars à fond, comme ça après pour la partie mouillée les pneus sont chauds. Partir à fond, en même temps ce n’est pas que jai pas le choix vu le nombre de poneys, mais la question, c’est quand que c’est mouillé ? Et bien c’est pas si loin que ça, en fait je regarde pas trop, la confiance s’installe… Oui mais au bout d’un moment c’est mouillé, vraiment mouillé. On fait attention à pas croiser sur les lignes blanches (là ça glisse vraiment) on fait coucou au photographe, je reste à fond, fini ! On file dans l’es 10, là pas le choix c’est mouillé du début jusqu’à la fin. Dernières ES, on reste sur les roues, je ne connais toujours pas la spéciale, je freine là où il ne fallait pas, ce n’est pas grave, on assure, je passe la cellule, ahh elle est ici la cellule… Ah le touriste…
Retour par la nationale, cette fois ci, c’est pas dans un droite que je perds l’avant, mais dans un gauche… un vrai plaisir… mouarfff Arrivé à Porticcio, évidement, là bas, en bas, il faut beau !!! Injustice (ah non, le touriste doit rester sur la plage !)
Je remballe tout le bazar avec l’aide des copains, et retour à la maison, par cette route que j’ai parcouru 4 fois aujourd’hui… gauche droite, corde, gauche, frein… weeling corde, ah ça nan c’était avec la WRZ, pas avec la mercedes et la WRZ accrochée… Bilan du rallye 27ème position au scratch derrière une bonne bande d’insulaires en mono (8ème mono pour moi)
Le dimanche c’est petit débrief avec Didier pour parler suspensions… Et si on allait plus loin… J’ai les routes, alors on renfile la combi, et c’est parti, je referme l’hydraulique de la fourche, et un peu plus l’arrière, c’est encore mieux, là sur du sec c’est vraiment un bon jouet. J’arrive en fin de réglages sur l’amortisseur arrière. C’est décidé, un nouveau ressort encore plus raide est commandé, et l’amortisseur va être retaré plus raide en clapeterie la semaine prochaine. On ajoute avec ceci un piston neuf, quelques bricoles une bonne révision de fond en comble, un contre essai avec les anciens pneus dunlop, et on se retrouve dans l’ain mi juin !
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